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Épilogue
Trois mois plus tard
Le soleil filtrait à travers les rideaux entrouverts d’un appartement, simple, calme. Aucun bruit de pas précipités. Aucun claquement d’arme. Juste le murmure du vent sur le balcon et le son régulier d’un cœur qui bat — plus fort que d’habitude.
Misaki était allongée sur le canapé, un livre posé sur son ventre arrondi. Son regard était perdu dans le vide, mais son sourire trahissait la paix qu’elle ressentait.
Dans la cuisine, Akira coupait des légumes avec la précision d’un chirurgien. Il n’avait jamais été très doué pour les petits plats, mais il faisait des efforts. Parce qu’elle les méritait. Parce qu’il en avait envie.
— « Tu sais, » dit Misaki sans bouger, « Le bébé bouge à chaque fois que tu t’approches. »
Akira leva les yeux. Il s’approcha sans un mot et posa sa main sur son ventre.
Un frémissement.
Son regard ne changea pas, mais quelque chose dans sa posture se détendit. Il s’agenouilla lentement à côté d’elle.
— « Il reconnaît mon aura de tueur, » dit-il sérieusement.
Misaki éclata de rire, sa main cherchant la sienne.
— « Non. Il reconnaît son père. »
Un silence s’installa. Mais ce n’était pas celui de la tension, ni du danger. C’était un silence confortable. Un silence de deux personnes qui n’ont plus besoin de parler pour se comprendre.
Akira approcha son front de celui de Misaki.
— « Tu n’as plus rien à craindre. »
— « Je sais. »
Il se releva, retourna à la cuisine. Misaki le regarda avec tendresse.
Même après tout ce qu’ils avaient vécu, il n’avait pas changé.
Toujours aussi silencieux. Toujours aussi attentif.
Et pourtant…
Il était devenu autre chose. Quelqu’un de plus vivant.
Elle ferma les yeux, bercée par les odeurs du repas, les bruits familiers…
Et la présence de l’homme qu’elle aimait.
....
Une nouvelle vie.
Pas parfaite.
Pas tranquille.
Mais enfin… à eux.
....
Quelques jours plus tard
L’air était tiède, l’hôpital presque vide à cette heure-là. Akira n’aimait pas les endroits trop fréquentés. Misaki encore moins depuis l’attaque. Mais aujourd’hui, c'était une exception.
Ils étaient là pour découvrir une vérité bien plus importante que toutes les missions du monde.
Le sexe du bébé.
Yoko, assise sur une chaise dans un coin de la pièce, chantonnait bruyamment en feuilletant un magazine de déco.
— « Vous êtes tendus ou c’est moi ? » lança-t-elle, levant un sourcil.
— « C’est toi, » répondit Akira, les bras croisés, le regard fixé sur l’écran éteint de la salle d’examen.
Misaki souriait doucement, allongée, le gel froid sur son ventre.
La sage-femme installait la sonde de l’échographie avec douceur.
— « Vous êtes prêts ? » demanda-t-elle en souriant.
Akira hocha à peine la tête. Misaki serra sa main. Yoko se pencha, soudain curieuse.
L’image apparut à l’écran. Petits pieds. Profil délicat. Un cœur qui battait, net, régulier.
Et puis…
— « C’est une fille, » annonça la sage-femme dans un sourire.
— « Félicitations. »
Misaki laissa échapper un souffle. Son regard se tourna vers Akira, qui ne bougea pas. Mais ses doigts se resserrèrent légèrement autour des siens.
Yoko, elle, sourit de toutes ses dents.
— « Oh, la vache… une petite Akira. Elle va être flippante à l’école. »
— « Elle sera parfaite, » dit Misaki en caressant les doigts de son mari.
Akira se leva, s’approcha de l’écran, le regard fixé sur cette forme floue mais déjà si précieuse.
— « Elle sera forte, » murmura-t-il.
Puis, après une seconde de silence :
— « Comme sa mère. »
Misaki baissa les yeux, émue.
Yoko s’éventa avec le magazine, feignant l’agacement.
— « Bon, vous allez me faire pleurer ou quoi ? Pff, j’ai pas signé pour ça. »
Mais son sourire restait là. Sincère. Fier.
---
Dehors, la vie reprenait son cours.
Et au milieu du chaos du monde, une petite fille attendait son heure.
Protégée. Aimée.
Déjà prête à écrire sa propre histoire.
......
Scène bonus – La forêt, un matin tranquille
— « Bon… amusez-vous bien, les sauvageons. »
Yoko remonta ses lunettes de soleil sur son nez et lança un regard amusé au duo devant elle.
— « T'as le droit de lui apprendre à manger autre chose qu’un serpent cette fois, hein. »
Akira ne répondit pas.
Il s’était déjà tourné vers la forêt.
Aucune arme. Aucun sac. Rien.
Juste son couteau, glissé à la ceinture.
Hana, cinq ans, se tenait droite à côté de lui.
Petite silhouette discrète, tresse sur l’épaule, yeux clairs et calmes.
Elle avait le même regard que son père.
Elle ne parlait pas pour rien. Elle écoutait. Elle observait.
Yoko soupira, faussement exaspérée.
— « J’vous récupère dans deux jours, même endroit.
Si jamais elle me revient avec des griffes de sanglier, c’est toi que j’enferme. »
— « Noté, » répondit Akira sans se retourner.
Hana fit un petit signe de la main.
Yoko lui répondit d’un baiser soufflé, avec un sourire tendre.
Puis la voiture s’éloigna, et le silence reprit ses droits.
---
Ils s’enfoncèrent dans la forêt.
Aucune technologie. Aucune carte.
Juste eux.
Comme chaque année.
Depuis qu’elle avait trois ans, Hana suivait son père dans ces escapades.
D’abord sur ses épaules, puis à ses côtés.
Ce n’était pas un jeu.
Ce n’était pas un entraînement brutal.
C’était de la transmission.
Misaki l’avait tout de suite compris.
Elle n’avait jamais trouvé ça étrange.
Elle savait : Hana serait en sécurité avec lui.
Hana avançait sans un mot.
Elle imitait ses pas, sa respiration, sa posture.
Elle connaissait déjà les bases.
Et elle adorait ça.
— « Papa, on va dormir dans le hamac en feuilles, comme la dernière fois ? » dit-t-elle de sa petite voix enfantine et douce.
— « Si tu trouves les bonnes. »
Elle hocha la tête. Défi accepté.
Ils traversèrent une rivière.
Observèrent des empreintes de renard.
Évitèrent un nid de frelons.
Hana s’arrêta soudain et pointa un buisson.
— « Là. Un serpent. »
Akira tourna à peine la tête.
Il l’avait déjà repéré.
Mais il voulait qu’elle apprenne par elle-même.
— « Tu veux qu’on le prenne ? »
— « Pas encore. Je préfère attendre qu’il digère. »
Il la fixa une seconde, puis répondit simplement :
— « Bien, bonne décision. »
Ils continuèrent leur marche.
Le soleil déclinait lentement, et déjà Hana préparait le coin où ils allaient passer la nuit.
Elle savait où placer les feuilles sèches.
Elle savait où creuser pour éviter l’humidité.
Elle savait allumer un feu sans briquet.
Et elle n’en était qu’au début.
Assis côte à côte près d’un feu discret, ils grignotèrent quelques racines comestibles qu’elle avait trouvées plus tôt.
Pas un mot superflu.
Puis, au bout d’un moment :
— « Papa… »
— « Hm. »
— « Un jour… je veux apprendre à protéger, comme toi. Mais… je veux aussi continuer à dessiner avec maman. »
Akira leva légèrement les yeux vers elle.
Il hocha la tête.
— « Tu peux faire les deux. À ton rythme. »
Elle sourit.
Puis elle s’approcha, s’allongea, et posa sa tête sur la cuisse de son père.
Depuis Misaki, Akira apprenait. Petit à petit. Et depuis la naissance de sa fille, il apprenait à être père.
Il découvrait ce qu’on appelait une vie normale.
Il n’était pas encore à l’aise avec les gestes tendres… Parfois, ça venait tout seul. D’autres fois, c’était Misaki qui prenait les devants.
Mais à cet instant, quand sa fille posa la tête sur lui pour s’endormir, sans la moindre hésitation, il lui caressa doucement les cheveux…et se dit qu’il avait une chance immense d’avoir cette petite chose magnifique dans sa vie.
Le feu crépitait doucement.
La forêt les enveloppait.
Et dans ce silence rassurant, Hana s'endormit profondément.
Elle ne serait certainement pas une tueuse.
Elle rêvait seulement d’être forte comme son papa et talentueuse comme sa maman.
Elle avait hérité de l’ombre.
Mais aussi de l’amour.