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L'Héritier de la Maison des Prince (Traduction)

Summary:

"Donc tu es adopté ?"
"Je suppose."
"Donc ton Père... n'est pas... ?"
"On dirait bien."
"Huh." Théo dévisage Harry avec ces yeux gris qui paraissent argentés dans la fumée du chaudron qui flotte entre eux. "Mais tu es l'Héritier de cette Maison des Prince, donc c'est probablement..."
"Oui. Probablement." Harry jette un regard appuyé à Théo. "Tu ne sais pas qui c'est, n'est-ce pas ?
"Non." Théo lui renvoie un regard tout aussi féroce. "Si c'était le cas, je te le dirais. Tu sais que je te le dirais."
"C'est vrai."
Quelque chose se détend dans la poitrine d'Harry. Quelque chose qui n'avait eut de cesse de se resserrer depuis la mort de Cédric. Il n'a peut-être pas ses amis, ni Sirius, et il ne sait peut-être même plus qui il est, putain, mais il a ça. Au moins, il a Théo.

 

C'est l'été de la 4ème année et Harry est laissé seul pour gérer son deuil et la révélation soudaine que James Potter n'est pas son père. Il trouve un étrange soutien. Celui de Théodore Nott, fils d'un Mangemort. Un étrange ami qui dit qu'il l'aidera à trouver son vrai père, peu importe qui peut bien être ce Lord Prince.

Notes:

  • A translation of [Restricted Work] by (Log in to access.)

Ce travail est une traduction de l'oeuvre originale "Heir to the House of Prince", écrite par elphi13. Si vous souhaitez lire l'oeuvre originale, elle est disponible sur le profil d'elphie13 (qui est liée à ce travail en tant que co-auteur).
Bonne lecture ! :)

Chapter 1: Héritages et Elfes de Maison

Notes:

NdA : Bienvenue les amis ! J'espère que vous aimerez la fanfiction. Jetez un oeil aux notes en bas du chapitre pour en savoir plus sur où nous trouver. Toutes les illustrations sont de la main de @A_LoveUnlaced

NdT : Bonjour à vous ! Ce travail est une traduction de la fanfiction "The Heir to the House of Prince", écrite par elphie13. Vous pourrez trouver sur son profil le lien vers la fanfiction originelle, ainsi que des traductions dans d'autres langues si vous le souhaitez.
https://ao3-rd-18.onrender.com/works/32897344/chapters/81639649
J'espère que mon travail vous plaira. Bonne lecture ! :)

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

Son poignet est probablement cassé. Harry essaye de le bouger, grimaçant lorsqu’il tente de plier les doigts. Ils se soulèvent de quelques centimètres avant de trembler. Il les déplie avec un soupir frustré, la douleur devenant trop forte. Définitivement cassé. Encore. Il soupire et ouvre l’armoire à pharmacie de la salle de bain des Dursleys. La Tante Pétunia gardae une petite réserve de soins de premiers secours là-dedans et ne fait jamais de commentaires lorsqu’il apparaît pour cuisiner le petit-déjeuner avec des attaches sur une blessure à la tête ou un bandage. Aujourd’hui ne sera pas différent. Elle ne jette qu’un regard à son attelle au poignet avant de renifler dédaigneusement.

« Des œufs », aboie-t-elle. « Et des saucisses. »

Harry obéit sans un mot, ignorant le sourire de Dudley derrière son jus d’orange devant le fruit de son travail.

« Qu’as-tu fait, gamin ? » grogne Vernon, ses yeux porcins plissés sur son journal.

« Ouais, qu’est-ce que tu as fait ? » glousse Dudley.

J’ai refusé de crier pendant que tes ‘hommes’ me brisaient le bras, big D. Harry ne lui donnerait pas la satisfaction de le dire. Ce n’était pas un Endoloris, après tout.

« Me le suis tordu en arrosant les plantes, » répond-il en haussant les sourcils en direction de Dudley, le mettant au défi de le démentir. Le visage de Dudley se déforme sous l’irritation, mais même lui sait que s’il admet avoir cassé le bras d’Harry, Tante Pétunia sera furieuse. La dernière fois que Dudley s’est vanté à Vernon d’avoir fracassé la tête d’Harry contre la porte de sa chambre, elle avait crié à en faire trembler les murs.

« Ne dis jamais ce genre de choses, même en blaguant ! Est-ce que tu sais ce que les gens de son espèce pourraient faire s’ils le découvraient ? La dernière chose dont on ait besoin, c’est qu’un de ces monstres nous rende visite ! »

Ç’aurait été trop demandé que cet avertissement dissuade Dudley de continuer. Il avait simplement déplacé ses vantardises, et sa torture sur Harry, en dehors de la maison. Cela dit, ça restait une petite victoire. Harry ne s’en plaignait pas. Même si elle était pathétique.

« En arrosant les plantes, » renifle Vernon dans sa tasse de thé. « Petite mauviette. »

Harry cuit les saucisses tout en essayant d’écouter la radio. Une station locale organise un concours pour des vacances d’été en Crète.

« Pourquoi est-ce qu’on peut pas partir en vacances d’été ? » geint Dudley. « Ça fait des siècles ! »

Harry sourit. Ça fait quatre ans, en fait, depuis la dernière aventure estivale désastreuse des Dursley. Leur misérable fuite à travers tout le Royaume-Uni tandis que Vernon Dursley essayait de semer les hiboux postiers de Poudlard.

« On partira à Pâques, mon amour, comme tous les ans, » lui répond Pétunia.

« Piers va en Espagne à la fin du mois d’août, » grogne Dudley. « Juste parce qu’il est un fichu taré… »

Harry cesse d’écouter. L’animateur radio est passé aux nouvelles. Une météo étrange à Kent, quelques bancs de brouillard qui sont un peu hors saison. Rien de très utile. Rien qui ne crie Voldemort.

À part pour moi. À part chaque putain de nuit.

« Idiot ! » Le cri de Pétunia le tire de sa rêverie, tandis qu’elle le pousse hors de son passage pour essayer de sauver les œufs. « Complètement inutile, comme toujours. Va à l’étage ! Dégage de là ! »

Harry est bien trop heureux de lui obéir. Il se glisse derrière Pétunia tandis qu’elle transvase les saucisses dans une assiette et en vole une, trop rapide pour qu’elle l’en empêche. Elle fronce les sourcils et lève la poêle graisseuse, mais cette danse est aussi familière pour lui que d’esquiver un cognard. Et puis, elle ne dit rien. C’est comme ça avec Pétunia, a fini par comprendre Harry. Elle ne le nourrit pas et ne l’amène pas chez le docteur, mais ne dit rien quand il se soigne ou se nourrit lui-même. Vernon est une autre affaire, mais Vernon ne voit rien, et Harry est déjà en train de grimper les escaliers quatre à quatre avant que son oncle ne remarque qu’il a disparu. Il ouvre la porte de sa chambre en mordant dans sa saucisse avant de s’asseoir sur son lit.  Hedwige a coincé sa tête sous son aile, mais elle s’agite et lui jette bientôt un regard, ses yeux orange brillant de mélancolie.

« Voilà un festin, ma belle, » il lui lance la moitié de la saucisse et elle la rattrape d’un coup de bec, se goinfrant avec joie. « Au moins, on meurt de faim ensemble. »

Hedwige lèverait probablement les yeux au plafond si elle le pouvait, pour lui rappeler qu’ils sont toujours en train de mourir de faim ici. Harry hausse les épaules et scrute le ciel à la recherche du moindre signe de hibou. Il a écrit à tous les gens à qui il pouvait penser, Sirius, Remus, Ron, Hermione, même Neville et Dumbledore, mais il n’a reçu aucune réponse. Il envoie des lettres toutes les nuits, et chaque matin, Hedwige revient, son bec vide. Chaque jour, il attend un quelconque signe de Coq, d’Hermès, des magnifiques perroquets que Sirius a envoyé tout au long de l’été dernier ou même, par tous les dieux, d’un hibou ministériel, juste quelque chose qui le relie à son monde. Et puis, quand rien ne vient et qu’il ne peut plus forcer ses yeux à rester ouverts, il dort. Il rêve. Il hurle. Hedwige hulule, et Vernon crie. Puis il s’assied dans la nuit noire, et il écrit d’autres lettres, plus frénétiques, plus suppliantes.

Qu’est-ce qu’il se passe ? Est-ce que vous êtes vivants, au moins ? Est-ce que qui que ce soit est vivant ? Êtes-vous en sécurité ? Est-Il de retour ? Est-ce qu’il a pris le pouvoir ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Je deviens fou ici. Dites-moi quelque chose. N’importe quoi.

Il envoie Hedwige avec le bec plein et les yeux emplis de reproches. Il n’ose plus dormir. À la place, il s’assied sur son lit, mâchonnant sans bruit des casse-croûtes faits de friandises et de biscuits qu’il a acheté dans le train, jusqu’à ce que l’aube arrive. Au bout de trois jours, Dumbledore a envoyé une lettre via feu de phénix, qui a brûlé la taie d’oreiller de Harry.

Tout va bien. S’il te plait, reste discret. Attend mes prochaines instructions.

Harry l’a trempée dans du gras de bacon avant de la donner à manger à Hedwige. Malgré toute sa rage envers cette lettre pathétique de Dumbledore, aucune autre lettre ou instruction (Harry n’est pas un putain de servant et ne supporte pas ce sous-entendu) n’est apparue, et il continue d’attendre. Il est le Garçon-Qui-Attend.

Dix jours chez les Dursleys. Oze jours depuis que Dumbledore s’est tenu dans la Grande Salle et leur a dit qu’Il était de retour. Seize jours depuis qu’Il est sorti du chaudron. Seize jours depuis que Ced lui a souris de ce sourire si doux, si sexy, qu’il savait que Harry aimait et lui a dit « Ensemble ». Seize jours atroces. Ça fait… trois-cent-huitante-quatre heures. C’est le temps qui s’est écoulé depuis que Cédric est mort. Depuis qu’Harry a été laissé tout seul pour faire face à son chagrin.

Tu es mort depuis plus d’heures que nous n’avons pu en voler pour les passer seuls tous les deux, Ced. C’est officiel.

La porte s’ouvre dans un fracas. Harry n’a pas besoin de lever les yeux pour savoir que c’est Dudley. C’est un été caniculaire. Dudley fait de la boxe dans le garage tous les jours. Il pue.

« Quoi ? » Harry ne fait même pas l’effort de le regarder.

« Joli poignet, Potter, » renvoie Dudley en s’appuyant contre le cadre de la porte. « Est-ce que tu veux que je t’arrange l’autre aussi ? »

« Non merci, Big D, » dit Harry. « Je ne voudrais pas que tu te blesses en te baissant. »

Dudley l’attrape par son bras encore valide et le pousse contre le mur en un instant. Harry se laisse faire. Il ne sert à rien de se battre à l’intérieur de la maison. Dudley pourrait dire n’importe quoi que Vernon le croirait. Tout ce que Harry peut faire, c’est lui enlever la satisfaction. Il a été le punching-ball de Dudley toute sa vie. Il sait ce qu’il aime et comment le lui refuser. Harry fixe un point au-dessus de l’épaule de Dudley.

« Qu’est-ce qu’il t’arrive, Potter ? » ricane Dudley. « T’as peur ? Tu as l’air d’avoir peur. Tu sais que je t’entends la nuit, supplier, pleurer comme un putain de bébé. »

Il cherche une réaction. Harry se mord l’intérieur de la joue. Se dit que ce n’est pas la peine. Que Dudley est une plaie mais que Vernon est pire. Vernon aime utiliser des outils.

« Tu appelles le nom d’un garçon, comme un sale taré. Ne tuez pas Cédric. Qui est Cédric ? Ton putain de petit ami ? »

Ç’aurait dû être le cas, pense Harry. S’il n’avait pas été assassiné par un bâtard sans nez il y a deux semaines.

De magnifiques yeux noisette sans aucune vie à l’intérieur. Un maillot de Poufsouffle, sali par la terre et le sang. Les cris d’Amos Diggory qui s’envolent vers le ciel. Harry déglutit, repousse ces pensées au fond de lui.

« Va-t-en, Dudley. » Harry essaye de paraître blasé, essaye de ne pas laisser sa voix trembler, mais c’est tellement dur, putain, parce que du coin de l’œil, il peut encore voir les feux vacillants qui brûlaient autour du labyrinthe du Tournoi. Il peut la sentir, cette chaleur à l’intérieur de lui qui aurait pu faire fondre le verre, exactement comme il l’avait sentie juste avant de faire gonfler la Tante Marge. La dernière chose dont il ait besoin, c’est que Dudley subisse le même sort et qu’il récolte encore un avertissement du Ministère. Il a la sensation que Fudge ne sera pas aussi accommodant cette fois. Non pas que ça ne serait pas satisfaisant, bordel.

« Va-t-en », répète Harry en poussant Dudley assez vite pour que ce dernier ne puisse pas l’intercepter. Dudley est plus fort, mais Harry est plus rapide. Dudley trébuche en arrière contre la porte ouverte, qu’Harry utilise pour pousser de force son cousin dans le couloir.

« Espèce de sale—»

Harry claque la porte au nez de Dudley, coupant du même coup ses insultes, et appuie son dos contre cette dernière pour la maintenir en place. Dudley abat son poing contre la porte, mais cela fait hurler Hedwige, et Dudley la déteste. Harry sourit de toutes ses dents à sa chouette en entendant Dudley repartir.

« On se voit plus tard, Potter, » l’avertit Dudley, sa voix traversant la porte. Harry lève les yeux au ciel, restant là où il est jusqu’à ce qu’il entende la démarche chaloupée, qu’on pourrait apparenter à un éléphanteau, dans les escaliers. C’est fini, pour l’instant.

« De mieux en mieux, n’est-ce pas ma belle ? » Harry sourit d’un air contrit. Hedwige pépie. Puis un craquement sonore déchire l’air.

« Merde ! »

Harry se jette derrière sa chaise de bureau, attrapant sa baguette dans le même mouvement, ses pensées remplies de Mangemorts et de lumière verte et de rires suraigus qui l’aveuglent presque. Harry observe. Hedwige pousse un cri. Il y a un elfe de maison dans sa chambre.

« Dobby ? » demande Harry, incrédule.

« L’affreux sang-mêlé a appelé Kreattur Dobby, l’affreux sang-mêlé de mérite pas d’être l’héritier de la Maison des Black, » marmonne l’elfe.

« La Maison des Black ? Tu es l’elfe de Sirius ? »

L’elfe de maison tressaille au nom de Sirius et grogne quelque chose à propos des maîtres inférieurs. Il tend une main vers Harry, dans laquelle se trouve une lettre. Harry songe un instant que ça pourrait être un piège, mais l’attrait d’avoir des nouvelles de Sirius, enfin des fichues nouvelles, tout court, est trop fort. Il attrape la lettre.

Harry,
Suis assigné à résidence.

Le cœur d’Harry manque de s’arrêter. Sirius a été attrapé, c’est tout ce que ça peut vouloir dire. Sirius va devoir retourner à Azkaban et Harry n’a aucune idée de comment il pourrait l’en sortir.

Ne t’inquiète pas, pas été capturé. Dumbledore ne me laisse juste pas quitter la maison.

« Putain, Sirius. » Harry maudit les pauvres capacités de son parrain à écrire des lettres, malgré la tension qui se relâche dans sa poitrine. Remus aurait fait un meilleur travail.

Aucune lettre ne peut entrer ou sortir. Dumbledore ne veut pas nous dire pourquoi. Il dit qu’on te verra bientôt. J’ai besoin de ton aide, Harry. J’en ai tellement marre de cette saloperie de maison. Si je pouvais sortir, je pourrais venir te voir. J’ai donc besoin que tu ailles à Gringott et que tu fasses valoir ton droit d’héritage des Potter. Il y a un livre dans le coffre des Potter dont j’ai besoin. Il pourra aider. Puisqu’on ne peut pas s’envoyer de hibou, on utilisera Kreattur. Il peut te faire apparaître à la banque et t’en ramener. Le livre est le Grimoire de famille des Potter. Tu n’as qu’à dire à Kreattur où tu veux aller et il t’y emmènera. Ce n’est qu’une misérable chose, mais il fera ce qu’on lui dit de faire. Quand tu seras à la banque, il te suffira de leur dire ce dont tu as besoin. Ne parle à personne d’autre et prend ta cape d’invisibilité avec toi et Ne. Te. Fais. Pas. Remarquer. Personne ne le saura et toi, n’en parle à PERSONNE. Molly Weasley aurait ma peau sinon, mais je sais que tu t’en sortiras.
Je t’aime, Harry. Ne t’attire pas d’ennuis.
Sirius

Il y a tant de questions dont Harry aurait aimé avoir la réponse dans cette lettre que, pendant une seconde, il envisage sérieusement de laisser la lave en fusion dans ses veines exploser pour réduire le papier en cendres. Un héritage dont il ne savait rien. Une maison où Sirius vit sans lui, alors même qu’il avait promis qu’ils vivraient ensemble à la fin de la troisième année. Un tas de lettres qui, selon ces sous-entendus, auraient été envoyés pour lui et qui ne sont jamais arrivées, et Dumbledore, toujours ce foutu Dumbledore, qui a laissé faire. En plus de tout ça, Harry se sent haïr Sirius qui ne semble même pas se sentir concerné par tout ça, mais ce n’est qu’une chose de plus à repousser au fond de lui.

Mais oui voyons, je vais bien. J’ai vu le garçon avec qui je sortais être assassiné et Voldemort revenir à la vie, mais je vais bien. La vie est merveilleuse, putain.  

Tout enfermer. De plus, cette offre que Sirius a mentionnée, qu’il pourrait être capable de sortir de la maison – peu importe laquelle – où Dumbledore le garde enfermé pour venir voir Harry dans le Surrey est trop tentante pour qu’il la ternisse avec ce ressentiment enfantin qui bout en lui. Ce n’est pas comme si Harry n’avait pas l’habitude d’être abandonné. Il ravale donc tous ses sentiments et soupire, fouillant dans sa malle jusqu’à trouver sa cape d’invisibilité et la jeter sur ses épaules. Il glisse sa baguette dans sa poche arrière et jette un regard à l’elfe.

« Donc, tu es Kreattur ? »

L’elfe baisse son énorme nez jusqu’au sol.

« Kreattur vit pour servir la Maison des Black, » croasse-t-il, avant d’ajouter une litanie d’insultes et de malédictions qui vont du sang impur d’Harry jusqu’à ses cheveux atroces. Harry renifle. Il a déjà entendu ça.

« Donc tu vas m’amener à Gringotts ? »

« Si Maître Sirius le souhaite, Kreattur doit obéir. »

Harry lève les sourcils. Ça ne ressemble pas à un oui. Il essaye une autre question.

« Si je te demande de m’amener à Gringotts, et seulement à Gringotts, est-ce que tu peux me désobéir d’une quelconque façon ? »

Kreattur sursaute puis lance une autre série d’insultes. Harry peut presque voir les liens invisibles de sa servitude alors qu’il se débat contre.

« Non, » finit par cracher Kreattur. « Maître Sirius a dit à Kreattur d’obéir au sale gamin Potter donc Kreattur le doit. »

« Donc tu ne peux pas m’emmener ailleurs ? Chez quelqu’un d’autre ? » insiste Harry. Chez Voldemort ?

« Non, » la réponse fait briller les yeux de Kreattur. Il ne le peut pas, mais il le désire ardemment, Harry peut le voir. Il s’interroge quelques secondes sur la sagesse impliquant de faire confiance à un elfe malveillant pour l’emmener dans un voyage magique inexpliqué au cœur de Londres. C’est certainement le genre de choses que Dumbledore désapprouverait. Kreattur a peut-être l’air sale et laid, mais il semble intelligent. Il arriverait certainement à trouver une façon de contourner les règles pour livrer Harry à Voldemort comme une souris morte à un hibou. Harry sait ça, mais il n’arrive pas à s’en soucier. C’est devenu fréquent depuis que Cédric est mort et que ses amis l’ont abandonné, cette froideur indifférente qui s’infiltre en lui. Il suppose que ça doit être une mauvaise chose, mais c’est aussi un soulagement.

« Très bien, alors. » Harry lance un regard à Hedwige. « Je serai de retour dans quelques heures, ma belle. Si ce n’est pas le cas, tu as le droit de retrouver Sirius pour lui crever les yeux. »

Hedwige hulule d’excitation. Les yeux de Kreattur brillent d’une lueur qui ressemble à de l’approbation. Harry suppose qu’Hedwige n’a toujours pas pardonné à Sirius son échappée dans les tropiques l’an dernier, qui la forçait à traverser les océans. Il ne sait pas quel est le problème de Kreattur, mais il suppose que Sirius ne doit pas être la personne la plus facile à vivre, si sa tendance à laisser des piles d’os de poulet partout en est un indicateur.

« Allons-y, Kreattur, » lance Harry en jetant un coup d’œil à l’elfe. « Gringotts, et uniquement Gringotts, s’il te plait. » Harry remonte la capuche de sa cape d’invisibilité sur sa tête tandis que Kreattur attrape son bras. Dans un tourbillon de ténèbres et un son strident, Privet drive disparaît.

________________

Lorsque Harry ouvre ses yeux, c’est pour voir les décorations surchargées d’or à l’intérieur de Gringotts. Il trébuche contre Kreattur, qui grogne de dégoût et fait un pas sur le côté pour le laisser tomber contre le mur.

« Qu’est-ce que c’était que ça ?! » hoquète Harry. Il a l’impression qu’on vient de le faire passer à travers une ligne téléphonique.

« Transplanage d’elfe, » grommelle Kreattur avant de marmonner quelque chose à propos des sang-mêlés sans éducation, tandis que Harry essaye de se ressaisir. Les goblins à leurs bureaux ne l’ont pas encore vu. Ne te fais pas remarquer.

« Kreattur, » murmure-t-il. Les oreilles de l’elfe tressaillent mais au moins, il a la présence d’esprit de ne pas se tourner vers lui pour le regarder. « J’ai besoin de parler à l’un d’entre eux mais je dois rester invisible. Qu’est-ce que je devrais faire ? Attends, » le stoppe Harry avant que Kreattur ne puisse ouvrir la bouche, en essayant de penser à toutes les failles. « Ne me fais pas de recommandations qui pourraient me blesser moi ou Sirius ou nous causer à tous les deux des problèmes avec les goblins ou le Ministère ou… ou causer du tort à la Maison des Black. »

Ce sont les derniers mots de la phrase qui semblent avoir raison de Kreattur. Ce dernier lui lance un regard partagé entre une rage intense et un intérêt réticent.

« Comme le voudra le gamin Potter, » marmonne-t-il. « Kreattur peut arranger une rencontre entre le sang-mêlé et son gestionnaire de compte. »

« Très bien, faisons ça, » dit Harry tandis que Kreattur se met en mouvement. « Dans un endroit privé, cela dit, Kreattur. »

L’elfe tressaille à nouveau et se tourne pour fusiller Harry du regard. « Le gamin Potter est malin. »

« L’elfe Black le force à rester sur ses gardes, » rétorque Harry. Kreattur lui lance un sourire plein de dents jaunes, qui le fait ressembler à un hideux requin condamné à rester sur terre. Harry se dit que Kreattur a probablement dû s’ennuyer autant que lui, où qu’il ait pu se retrouver coincé avec Sirius.

Des foutus prisonniers, voilà tout ce qu’on est.

Kreattur s’approche du bureau en or massif, son apparence d’autant plus miteuse et sale alors qu’il fait face à un goblin parfaitement habillé d’un costume taillé sur mesure. Harry songe que si les elfes ont bien le droit de préférer les toges et les taies d’oreillers pour leurs vêtements, ils pourraient au moins en porter des propres. Kreattur revient bientôt vers lui, la lueur guerrière de retour dans son regard.

« Oh bon sang, tu as l’air heureux, » chuchote Harry. « Est-ce que tu as déjà trouvé un moyen de me vendre à ce bâtard sans-nez ? »

Kreattur aboie sous le choc – ou bien peut-être était-ce un rire.

« Pas encore, gamin Potter, » marmonne-t-il. « Il faut suivre Kreattur. »

Harry s’exécute, en se glissant avec précaution entre les clients et les gobelins et songeant que s’il avait su qu’il pourrait se balader librement dans Gringotts avec rien d’autre que sa cape d’invisibilité, il n’aurait pas pris autant à cœur les fameuses menaces des goblins. Que les voleurs prennent gardent, sauf s’ils ont une cape d’invisibilité.

« Le Seigneur des Ténèbres n’a vraiment pas de nez ? » lui lance Kreattur sans prévenir.

« Yep, » chuchote Harry en retour tandis qu’ils passent une porte en fer forgé sur le côté. « Voldy Sans-Nez. Il a l’air d’un énorme serpent. Sirius ne te l’a pas dit ? »

« Le Maître garde ses secrets, » grogne Kreattur. « Mais Kreattur sait les choses, oh oui, il les connait. Kreattur sait toujours. »

« Je n’en doute pas. C’est toujours les servants qui en savent le plus. C’est comme ça que je sais que Pétunia triche avec ses participations à la kermesse de la paroisse. Faits à la main, mon cul. »

Kreattur le regarde comme s’il était fou, et Harry se demande si ça pourrait être le cas. Ou peut-être que c’est juste qu’il n’a eu littéralement personne à qui parler à part son cousin. Oh bon sang, ce que Ron et Hermione lui manquent. Et Cédric, mais il ne va pas penser à Cédric. Le corridor qu’ils sont en train de remonter est couvert de têtes de diverses bêtes montées sur les murs, et Harry leur lance des regards curieux.

« Hé, tu crois qu’ils apprécieraient un Basilic ? » demande Harry.

« Le gamin Potter a un Basilic ? » répond Kreattur en le dévisageant.

« Un cadavre. » Harry scrute une tête montée de Chimère dans les yeux. « Dans la Chambre des Secrets. »

« Nous serions très clairement intéressés par le sujet. »

Une porte sur sa gauche s’ouvre, et Harry se retrouve face à un visage familier au long-nez.

« Vous êtes le gestionnaire de compte des Potter ? » s’exclame Harry en oubliant qu’il est invisible. Gripsec lui lance un sourire ferme.

« Héritier Potter, » répond Gripsec en regardant là où se trouve Harry avec une précision étonnante. « Je vous en prie, entrez. »

Harry se tourne vers Kreattur. Il ne veut pas le faire assister à la réunion, vu qu’il ne pourrait probablement même pas lui faire confiance pour laver ses chaussettes, mais ça ne lui parait pas très malin de laisser son billet de retour pour chez les Dursley errer à ses petites affaires dans une célèbre banque du monde sorcier.

« Tu vas entrer, et tu vas jurer sur… » Harry se tourne vers Gripsec. « Sur quoi jurent les elfes de maison ? »

« L’honneur de leur maison, ou la vie de leurs maîtres, » sourit Gripsec. « Assurez-vous que c’en est un qu’ils aiment. Le sien est probablement Walburga Black. »

« Euh. Sacré nom. » Harry lance un regard à Kreattur. « Je veux que tu jures sur ton honneur en tant qu’elfe des Black et sur la vie de Wallyburga que tu ne répèteras rien de ce que tu entendras à quiconque, ou que tu n’écriras pas à ce sujet dans une lettre ou ne le communiqueras pas de quelque façon que ce soit, » Harry fronce les sourcils, « y compris en marmonnant des choses dans ta barbe. » Kreattur le fixe comme s’il allait faire une attaque, mais finalement, lance à Harry son sourire mesquin habituel.

« Le gamin Potter pense qu’il est très malin. »

Ça ne rassure pas du tout Harry. Il jette un coup d’œil à Gripsec.

« J’ai oublié quelque chose ? »

Gripsec sourit à son tour. C’est vraiment terrifiant. « La clause. Ce qui arrivera à l’elfe s’il brise son serment. Il est probablement en train de penser qu’il pourrait le briser et supporter la douleur de la punition. »

« Ah. Je suppose que c’est le cas, oui. » Harry considère une seconde Kreattur et observe son propre poignet brisé. « Ok, Kreattur, faisons ça. Si tu brises le serment, tu seras… »

Harry dévisage Kreattur, voit l’impatience dans ses yeux jaunes et vitreux. Et il reconnait ce regard. La Mort n’est pas la pire des choses pour une personne qui vit enchaînée.

« … expulsé de la Maison des Black, et tu n’auras plus le droit de les servir d’une quelconque façon, eux ou toute autre famille. »

Harry pense à Winky, l’elfe de Barty Crouch Junior. Elle vivait pour servir. La petite bouche de Kreattur s’ouvre de stupéfaction et il fixe la silhouette invisible de Harry comme si ce dernier vient de faire pousser une deuxième tête.

« Le gamin Potter est vraiment très malin, » finit-il par marmonner tout en tressaillant.

« Est-ce qu’il peut refuser de jurer ? » Harry demande à Gripsec.

« Pas si son maître lui a ordonné de vous obéir. » Gripsec croise les bras. « Ordonnez-lui de jurer. »

Harry acquiesce.  « Kreattur. Jure-le. »

Kreattur grogne, se débat contre du vide. On dirait que cela est un peu douloureux pour l’elfe, mais Harry se contente de l’observer et d’attendre. Encore cette drôle d’indifférence.

« S’il ne le fait pas, qu’est-ce qui va se passer ? » demanda-t-il à Gripsec.

« Il mourra, probablement, » répond Gripsec en haussant les épaules.

« Je jure, » finit par cracher Kreattur. « Sur l’honneur de la Noble et Très Ancienne Maison des Black, et sur la vie de ma pauvre Maîtresse, Walburga Black. »

Un flash de lumière dorée éclate entre Harry et Kreattur et l’elfe s’affaisse. L’image même du soulagement et de l’obéissance. Harry acquiesce et se tourne vers Gripsec.

« On y va ? »

Ils font une sacrée équipe, entre un adolescent de presque quinze ans invisible, un goblin et un elfe de maison récalcitrant. Gripsec s'assied derrière un bureau de taille modeste et Harry retire sa cape. 

Kreattur prend place derrière lui, l'air maussade. Harry sent une pointe de culpabilité lui traverser la poitrine. Il ne regrette pas ce qu'il a fait, mais quand même. Il sait ce que ça fait d'être pris au piège. 

« Votre elfe dit que vous souhaitez accepter votre héritage, » lance Gripsec. 

Peu importe ce que ça peut bien vouloir dire, songe amèrement Harry. 

« Vous pouvez garder un secret ? » laisse-t-il échapper. « La confidentialité entre le banquier et son client ou un truc du genre ? »

« Certainement. » Gripsec semble offensé, mais Harry s'en moque bien. 

« Génial. » Harry se penche vers l’avant. « Deux choses. Mon parrain veut un livre qui est dans le coffre des Potter, c’est pour ça que je suis là, mais d’abord, putain, c’est quoi cette histoire d’héritage ? »

« Sale gosse sans éducation, » marmonne Kreattur tandis que Gripsec fronce les sourcils.

« Oui, eh bien, on n’a pas tous été élevés dans des Maison Très Nobles et Très Anciennes, Kreattur, » répond Harry en levant les yeux au ciel. « Certains d’entre nous ont servi d’elfes de maison à des foutus moldus, à la place. »

Kreattur semble ébahi qu’Harry lui réponde, mais Gripsec détourne leur attention en se grattant la gorge.

« Un héritage est une position de pouvoir et une magie, qui sont données à un héritier présumé, » explique-t-il lentement. « Quand un héritier atteint sa majorité, si le Lord est mort, alors il endosse également la place de Lord. »

« La place de Lord. » Harry dévisage Gripsec. « Comme… comme la Chambre des Lords ? Genre, le Parlement ? »

« Sales moldus prétentieux, » grogne Kreattur.

« C’est dans l’idée, oui, » acquiesce Gripsec. « Les Lords sorciers peuvent siéger au Magenmagot. Pour que vous puissiez recevoir votre héritage et avoir accès à vos coffres familiaux… »

« Mes coffres ? Au pluriel ? » l’interrompt Harry.

« Vos coffres, » continue Gripsec. « Nous allons devoir faire un test d’hérédité. »

« Pourquoi, vous n’êtes pas sûr de qui je suis ? » Harry soulève sa frange pour montrer sa cicatrice. « Ce n’est pas suffisant ? »

« Clairement pas, héritier Potter, » répond Gripsec avec un mince sourire. Il sort un morceau de parchemin et une petite dague en argent. « Un peu de sang, je vous prie. »

Harry revoit la petite dague en argent dans les mains de Queudver, la sent sur son bras. Il soupire et ferme les yeux, relevant sa manche pour découvrir la longue croûte sur son bras.

« Pas besoin d’en faire une nouvelle, » marmonne-t-il. Il se tourne vers Kreattur. « Me ferais-tu l’honneur, Kreattur ? »

Kreattur sursaute d’un bon mètre dans les airs.

« Le sale gosse veut que Kreattur le blesse ? »

« Eh bien, tu es le seul ici qui a récemment fait vœu de loyauté envers moi. Sans vouloir vous offenser, Gripsec, » rajoute Harry. « Allez, Kreattur, tu ne vas quand même pas laisser ton Seigneur des Ténèbres sans nez profiter tout seul, si ? Il m’a dit que c’était très satisfaisant de faire couler mon sang. »

Une lueur étrange passe dans les yeux de Kreattur, mais il finit par planter en vitesse le couteau dans la cicatrice à peine refermée et Gripsec fourre le parchemin sous son bras tandis qu’Harry siffle de douleur. Un chaudron bouillonnant. Un corps aussi blanc que des os.

« Merci, Kreattur, » reprend Harry en rebaissant sa manche et en pressant une main sur la blessure. Kreattur acquiesce mais ne répond rien.

« Merci, héritier Potter, » lance Gripsec. « Bien que, je vous l’apprends peut-être, mais le serment que j’ai fait il y a plusieurs décennies à vos ancêtres vous concerne également. De plus, nous n’avons besoin que d’une goutte de sang. Pas d’un geyser. »

« Adressez-vous à Monsieur Jedusor, » répond Harry en haussant les épaules. Les yeux de Gripsec s’éclairent à ce nom, mais il se reconcentre sur le papier. « Ah, oui, vous êtes en effet celui que vous dites être, héritier Potter. Aussi pouvons-nous vous remettre vos héritages et vos anneaux d’héritier. »

« Héritages ? Au pluriel ? » Harry se sent idiot de le répéter. Gripsec acquiesce et pousse le morceau de parchemin vers lui.

« Au pluriel, » confirme-t-il.

Harry jette un coup d’œil. Le sang qu’il a versé s’est réarrangé en une série de mots qu’il peine à comprendre.

 

Héritier de la Noble et Très Ancienne Maison des Potter : Harrison James Charlus Potter

Héritier de la Noble et Très Ancienne Maison des Black : Harrison James Charlus Potter

Héritier de la Noble et Très Ancienne Maison des Prince : Harrison James Charlus Potter

Héritier de la Noble et Très Ancienne Maison des Serpentard : Harrison James Charlus Potter

 

Mère : Lily Rose Potter

Père : Lord James Charlus Potter (adopté par le sang)

Parrain : Sirius Orion Black

Parrain : Remus Plutarch Lupin

 

Cette fois, il ne peut empêcher la lave en fusion de sa colère toujours présente en lui de déborder. Elle s’échappe du bout de ses doigts, les cloque, fait chanter les bords du papier tandis que les mots inscrits y bouillonnent.

« Putain mais c’est quoi ce bordel ? » lance Harry. « Je suis adopté ? »

 

Notes:

NdT : J'espère que ce premier chapitre vous aura plu !
Si tout se passe bien, vous aurez un chapitre chaque lundi et chaque jeudi :)

Je traduis et corrige tout toute seule, donc n'hésitez pas si vous voyez des coquilles ou pensez qu'il y a des points sur lesquels je pourrais m'améliorer, je suis ouverte aux critiques et j'adooore les commentaires !
(Et si vous êtes doué en traduction et que ça vous brancherait de corriger plus de 80 chapitres... je cherche une bêta, si jamais ;D)

A jeudi !